
Le Souvenir
Je reste en France pour le moment. La nouvelle politique
libérale, outre-Atlantique, me fait trop peur pour que jy
retourne. Leur impérialisme sous-jacent présage une
invasion inéluctable de la planète. Lavenir nous le
dira. Quimporte donc que je rentre au pays, puisquil
finira bien par venir à moi. Les gens dici voient ça
dun mauvais il, et je les comprends fort bien.
Lisa a grandi. Tu ten rendrais compte sans doute plus que
moi qui la vois tous les jours. En tout cas, je peux
tassurer que tu lui manques beaucoup. Alors, tu vois
ma
chère Anita, il me tardait de técrire, crois-moi. Trois
mois que je nai eu de tes nouvelles, depuis notre
magnifique promenade sur la plage. La mer était bien trop
agitée pour se laisser déranger par une simple séance de
ricochets. Mais il semblerait que tu lui ais beaucoup plu,
à en croire le sourire apaisé quelle adresse, depuis
lors, aux dunes cicatrisées de ton dernier passage.
Je nai pas le souvenir de tavoir oubliée. Tu nas pas
à men vouloir. Je ne ten veux pas dy avoir pensé.
Alors, jimagine que tu te plais là-bas, sous les pluies
de lAngleterre. Ici, les mégots fleurissent déjà et
font de lombre à tes primevères. Ils donneront de beaux
matins pour peu que les amoureux se donnent la main. Je
nai pas le souvenir de tavoir oubliée, mais puisque tu
le dis, cest, semble-t-il, raté
Autor(es): TRISTAN NIHOUARN