Lynda Lemay

Les petits et les grands


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Les p'tits, ils sont petits de partout
Sauf de la partie du cou
Qu'ils redressent jusqu'au ciel

Les p'tits, ils fléchissent pas les genoux
Ils se hissent au garde-à-vous
S'épaississent les semelles

Les p'tits, vu leur panne d'altitude
Ils s'développent des aptitudes
Artistiques et manuelles

Les p'tits, ils ont appris à faire rire
Pour arriver à séduire
Les plus grandes et les plus belles

Les p'tits quand ils honorent leur copine
Tout c'qu'ils voient, c'est des narines
Souffler comme des réacteurs

Les p'tits, en plein milieu de l'Action
Ils n'embrassent que des mentons
Tous leurs membres sont inférieurs

Les p'tits, ils opèrent des grosses machines
Ils conduisent des pépines
Ils se "jackent" sur des tracteur

Les p'tits, ils ont pas l'choix d'marcher vite
Sur trois pas, ils en trottent huit
Il faut qu'y s'lèvent de bonne heure

Les p'tits pour cacher qu'ils sont poids plume
Ils s'coiffent avec du volume
Ils portent des chemises à manches larges

Les p'tits, ils essaient d'être costauds
Ils font comme Al Pacino
Ils s'inventent une voix grave

Les p'tits, quand ils "checkent in" à l'hôtel
Ils choisissent dans l'gratte-ciel
Le plus perché des étages

Les p'tits, il en a certain qui s'résignent
D'autres qui d'viennent monteurs de ligne
Quitte à s'prendre une décharge

Les p'tits, quand ils deviennent célèbres
Ils s'découvrent toujours un faible
Pour les mannequins longilignes

Les p'tits, ils paradent leur pétasse
Comme un beau trophée de chasse
Sur l'capot d'une limousine

Les p'tits, quand ils résistent au pattern
Qu'ils arrivent à rester humbles
Sans qu'le complexe les mine

Les p'tits, ils finissent par être grands
Puis par être grands-parents
Grands-papas que l'on estime

Des monsieurs au regard France
Qui toucheront au firmament
Même s'ils courbent l'échine

Ouais, là j'vous entends penser.
Vous vous dites
"Franchement, une chanson sur les p'tits,
C'est un peu déplacé.
Elle aurait bien pu en faire une sur les grands".
Bon, OK

Les grands, ils sont toujours en arrière
Sur leur photo du primaire
On n'leur voit qu'un bout de front

Les grands quand y jouent au basket
Ils jouent à s'cogner la tête
Sur les poutres du plafond

Les grands, quand ils honorent leur copine
Tout c'qu'ils voient, c'est une racine
Qui serait due pour sa teinture

Les grands, si y sont grands de partout
C'est pas dit qu'ils sont pas mous
En-dessous de la ceinture


Autor(es): Lynda LEMAY