L'étrangère


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Il existe près des écluses un bas quartier de bohémiens,
Dont la belle jeunesse s'use à démêler le tien du mien
En bande on s'y rend en voiture,ordinairement au mos d'août,
Ils disent la bonne aventure, pour des piments et du vin doux;on passe la nuit claire à boire, on danse en frappant dans sesmains,on n'a pas le temps de le croire, il fait grand jour et c'estdemain.
On revient d'une seule traite, gais, sans un sou, vaguementgris,
Avec des fleurs plein les charrettes, son destin dans la paumeécrit.
J'ai pris la main d'une éphémère, qui m'a suivi dans ma maison
Elle avait des yeux d'outremer, elle en montrait la déraison.
Elle avait la marche légère, et de longues jambes de faon,
J'aimais déjà les étrangères quand j'étais un petit enfant!
Celle-ci parla vite vite de l'odeur des magnolias,
Sa robe tomba tout de suite quand ma hâte la délia.
En ce temps là, j'étais crédule, un mot m'était promission,
Et je prenais les campanules pour des fleurs de la passion..
Quand c'est fini tout recommence, toute musique me séduit,
Et la plus banale romance m'est éternelle poésie..
Nous avons joué de notre âme, un long jour, une courtenuit,
Puis au matin: "bonsoir madame", l'amour s'achève avecla pluie.


Autor(es): Léo Ferré / Louis Aragon